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PATRICIA MEFFRE 

Ma démarche artistique 

     Ma démarche artistique correspond à un stade de mon cheminement qui a pour base : 1) ma passion pour l’histoire de l’art ; 2) une formation au dessin archéologique, 3) une pratique ancienne du modelage de la terre. Cela m’a conduit à expérimenter, puis concevoir des objets en trois dimensions me permettant d’explorer tout un réseau de formes sensibles, notamment dans le domaine des représentations de la féminité, renvoyant à des interrogations sur ce qu’est ou serait un « art féminin » ou le « phénomène féminin en art ». 

     Durant plusieurs années, j’ai étudié et dessiné des objets (céramiques et autres) des périodes préhistoriques et protohistoriques, dans le cadre de travaux de publications du CNRS. J’ai pu m’imprégner de la richesse et de l’inventivité des arts anciens de la terre. Parallèlement, je me suis exercée au modelage de l’argile dans une approche progressivement sculpturale. Ma pratique actuelle m’amène à associer au matériau terre d’autres matériaux comme les fibres, et les teintures colorées, le verre, le métal, (bronze, argent). 

     J’ai ensuite été profondément marquée par l’œuvre de Marija Gimbutas « Le langage de la déesse », consacrée aux anciennes sociétés matriarcales. Cet ouvrage m’a ouvert le vaste champ des comparaisons entre des univers symboliques qui traversent les temps humains et les espaces géographiques. Il m’a permis des ouvertures et des directions de recherche inespérées, du fait de la plasticité polymorphique de chaque symbole, de leur potentiel imaginatif et poétique.

     Cette ouverture à la poéticité des images et des productions mémorielles, de tout un ensemble de formes traversant l’histoire de la créativité féminine s’est notamment enrichie de l’admiration pour l’oeuvre plastique de Louise Bourgeois (ainsi que d’autres artistes contemporains). J’ai donc progressivement développé un travail qui me permettrait de faire dialoguer ces déesses dites « archaïques », tenant compte de leur passé et de leur puissance, et faisant transparaitre des aspects de ma biographie à travers elles. Cela m’a amené à utiliser le corpus des symboles (images, mythes, histoires, gestes, formes) qui se rattachent notamment à ces figures d’« idoles », de «déesses » et où, notamment, le serpent (et autres polarités thématiques associées) apparaît en lien étroit avec elles, prenant des fonctions, des significations variables, opposées même, selon les différentes traditions culturelles.

     C’est cette rencontre d’un monde à l’autre que je raconte, en tenant compte en même temps des luttes pour l’émancipation des femmes qui caractérisent notre temps (comme ces adolescentes enlevées par Boko Haram à qui j’avais dédié une installation dans une exposition récente). 

     Plusieurs des pièces réalisées récemment pourraient provenir d’un « paradis perdu ». Mais il y a bien d’autres paradis perdus ou oubliés ailleurs sur terre, dont on pourrait poursuivre ou recherche les traces et les formes, au plus intime de l’humanité, là où se réunissent les ténèbres et les lumières des origines. 

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